Dans ma pratique en tant que psychologue en visioconsul
Chaque parcours est évidemment unique, mais certains mécanismes communs contribuent au maintien de ces problématiques, qu’il s’agisse d’anorexie mentale, d’hyperphagie, de boulimie ou encore de formes non spécifiées. Aujourd’hui, nous allons les explorer. J’ai conscience que cette article peut être difficile à lire pour les personnes qui souffrent de TCA. Toutefois, avoir une bonne compréhension de ce qui entretient les TCA est important pour saisir l’intérêt des différent.es étapes/exercices que vous proposerons les professionnels de santé dans votre accompagnement vers la guérison.
Il est important pour moi de commencer par vous rappeler qu’il est tout à fait possible de s’en sortir ! Les TCA ne sont ni un choix ni un manque de volonté. Vous n’êtes pas responsable de votre trouble, mais vous avez la capacité d’agir pour aller dans le sens de la guérison, d’une vie épanouissante, remplie de choses qui vous tiennent à coeur.
1. L’importance excessive accordée à l’apparence, le contrôle du poids
Dans les TCA, l’image corporelle prend une place disproportionnée dans l’estime de soi, menant à des croyances rigides et dysfonctionnelles telles que « Si je ne suis pas mince, je ne serai pas aimé.e ».
Le fait que l’estime de soi repose presque exclusivement sur son apparence est néfaste notamment parce qu’on sait que le poids fluctue naturellement et qu’il est en grande partie déterminé par la génétique. Il est donc impossible d’en avoir un contrôle total. Le poids peut changer sans qu’on le veuille.
Si toute l’estime de soi repose uniquement sur cette variable, alors au moindre inconfort lié à l’apparence, la personne risque de se sentir mal dans son ensemble. D’autant plus que d’autres sphères de la vie peuvent être négligées, renforçant ainsi la dépendance à l’image corporelle comme unique critère de valeur personnelle. Alors que nous sommes bien plus que notre poids ! Se recentrer sur toutes les autres valeurs importantes de vos vie, développer nos centres d’intérêts, cultiver des relations enrichissantes, plutôt que d’investir la majorité de son énergie dans le contrôle du poids, permet de redéfinir de façon plus sainte notre valeur personnelle.

2. La restriction calorique
Manger insuffisamment vous donne une illusion de contrôle sur votre poids et renforce l’importance dysfonctionnelle accordée à la minceur et au contrôle du poids. Or, la privation alimente les envies irrépressives. Le corps est plus susceptible d’envoyer des signaux pour vous inciter à manger davantage (on appelle cela la sensation de faim extrême), augmentant ainsi le risque de compulsions alimentaires. Ce phénomène est une réponse adaptative visant à éviter la famine.
3. La restriction cognitive
Il s’agit des règles alimentaires que l’on se fixe comme « je ne dois pas manger de féculents », « les sources de lipides sont dangereuses, il faut que je les évite ». Plus un aliment est perçu comme interdit, plus l’envie de le consommer grandit, ce qui favorise les pertes de contrôle, et la culpabilité générée par les règles alimentaires.
4 Les comportements compensatoires
Pour compenser une prise alimentaire jugée excessive ou pour contrôler son poids, certaines personnes adoptent des comportements tels que les vomissements provoqués, l’usage abusif de laxatifs, diurétiques ou un exercice physique intensif. Ces comportements, en plus d’avoir des effets néfastes pour la santé, renforcent le trouble en maintenant la croyance « manger = danger ; manger = grossir », et en rendant la prise de nourriture encore plus anxiogène.
Par ailleurs, rien que d’anticiper le fait que vous « compenserez » ce que vous avez mangé, rend davantage permissible une crise d’hyperphagie.
5. La pesée excessive ou son évitement
On observe généralement deux différents types de comportements-problème autour de la pesée. D’un côté, certaines personnes vont éviter totalement la balance. L’absence de repère objectif, du fait de l’évitement de la pesée, peut entretenir les croyances erronées sur son poids puisqu’elle pousse à se fier aux sensations et perceptions corporelles souvent biaisées par le TCA.
D’un autre côté, certaines personnes se pèsent de manière excessive, parfois plusieurs fois par jours, ce qui est également néfaste, puisque, chaque variation de poids, même infime (souvent liée au métabolisme de l’eau), prend une importance disproportionnée, renforçant l’anxiété et l’obsession autour du poids.
Un entre deux pourrait être d’organiser une pesée hebdomadaire avec le professionnel qui vous accompagne.
6. Le comptage des calories
En se fiant uniquement à un nombre précis de calories plutôt qu’à ses sensations de faim et de satiété, on perturbe le mécanisme naturel de régulation alimentaire. À long terme, cela peut être plus difficile pour notre organisme de régulation sa consommation naturellement en fonction de ses besoins, augmentant ainsi le risque de suralimentation ou d’anxiété excessive face à la nourriture. S’imposer des limites caloriques arbitraires peut également conduire à une sous-alimentation, tant en termes d’apport énergétique global que de nutriments essentiels (protéines, glucides, lipides, vitamines et minéraux).
7. La recherche de réassurance
Demander à un·e proche (ou chercher sur internet/chatgpt) si on n’a pas trop mangé, et obtenir la réponse que notre TCA souhaite (par exemple « non tu n’as pas beaucoup mangé, tu manges moins que les autres ») procure un soulagement à très court terme. Cela va t’encourager à continuer à chercher de la réassurance. Alors qu’il s’agit d’un facteur de maintien de ta problématique car cela renforce l’idée qu’il y a une « bonne » et une « mauvaise » manière de manger, en plus de potentiellement affecter tes proches.
8. Le body cheking ou son évitement
Éviter complètement de voir son corps peut procurer un soulagement temporaire, mais à long terme, cela empêche de confronter ses croyances négatives et aggrave les préoccupations liées à l’image corporelle. À l’inverse, consacrer une grande partie de son temps à scruter son corps, dans le miroir par exemple, est problématique, car l’attention à tendance à se focaliser sur les défauts et à les percevoir de façon biaisée.
Non seulement ces comportements de vérification renforcent l’insatisfaction corporelle, mais ils maintiennent également l’importance accordée à l’apparence, alimentant ainsi le cercle vicieux.
9. L’intolérance à la détresse émotionnelle
Les émotions désagréables comme l’anxiété, la tristesse ou la colère sont parfois vécues comme insupportables. Certaines personnes tentent alors de les supprimer, par exemple en contrôlant leur alimentation ou en mangeant excessivement. Or, ces stratégies, bien qu’entraînant des bénéfices à très court terme, s’avèrent contreproductives sur le long terme : elles tendent à augmenter l’intensification et la fréquence de ces émotions, notamment la culpabilité. Cela empêche la personne de développer des stratégies de régulation émotionnelle plus adaptées, et d’apprendre qu’elle est capable de tolérer l’émotion.
Lorsqu’on accepte l’émotion, sans mettre en place de stratégies qui tentent de la supprimer (comme une crise d’hyperphagie), cela permet à l’émotion de suivre son cours. Les émotions sont comme des vagues : elles se développent, grandissent pour arriver à un pic, puis leur intensité diminue naturellement, tout comme les vagues finissent par se disperser.
10. La marginalisation des autres sphères de vie
Les préoccupations alimentaires prennent tellement de place qu’elles relèguent au second plan des domaines importants de vos vies, comme des activités qui vous font du bien, des relations sociales, etc. Ce a qui pour conséquence de laisser plus de place aux obsessions alimentaires, au temps consacré aux anticipations anxieuses des repas, à leur planification, aux ruminations sur ce qu’on a mangé, aux comportements compensatoires. Bref, moins vous avez d’autres sources d’activités, plus le TCA définit et dicte votre quotidien.
D’autres facteurs, comme la comparaison aux standards véhiculés par les médias, jouent également un rôle clé. Le combat contre les TCA ne se limite pas à un parcours individuel : notre société valorise encore beaucoup trop la minceur et normalise des pratiques alimentaires rigides. Il est essentiel de rappeler que les TCA ne sont ni un choix ni un manque de volonté. Vous n’êtes pas responsable de votre trouble, mais vous avez la capacité d’agir pour aller mieux.
La bonne nouvelle est qu’il est tout à fait possible de casser les cercle vicieux abordés plus haut. En thérapie, notamment en Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC), on apprend à ne plus mettre en place ces facteurs de maintien, à réguler ses émotions de manière plus adaptée, à travailler sur vos croyances dysfonctionnelles, à retrouver une relation apaisée avec la nourriture. Le but d’un accompagnement est de lever les obstacles qui se dressent entre votre situation actuelle et votre guérison.
Je vous souhaite d’avancer vers une vie épanouissante pour vous, qui soit influencée par vos valeurs et non par vos obsessions alimentaires. Vous méritez d’être en paix avec vous-même, avec votre alimentation et de vivre une vie riche de sens !

Psychologue en visio, prise en charge des TCA
Je suis Julie Bourgon Kozak, psychologue spécialisée en TCC. j’accompagne beaucoup de personnes concernées par les troubles du comportement alimentaire (TCA) en visioconsultation. C’est une problématique qui me touche beaucoup, à laquelle j’ai été sensibilisée au cours de ma formation et pour laquelle j’ai été engagée associativement il y a quelques années. Etant formée aux techniques efficaces (TCC, ACT) pour surmonter les TCA, je peux t’accompagner dans ton parcours de guérison.